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Confession : j’ai procrastiné pour rédiger cet article

Lalia Chari - Article mis à jour le

J'aurais pu également l'intituler "Titre à venir" 😃

Je suis sûre que certains reconnaîtront les comportements que j’ai adoptés pour ne pas m’y mettre :

💼 M'occuper d’une tâche différente

💡Chercher d’autres idées, supposément meilleures

☕️ Faire une pause (pour trouver l’inspiration…ou pas)

📚 Passer en revue du contenu qui a un rapport plus ou moins éloigné avec le sujet en question (toujours pour trouver cette fameuse Inspiration)

🤸🏽D'autres comportements divers et variés, très efficaces pour m’éloigner de la mission initiale

J’écris “POUR ne pas m’y mettre”, mais la réalité est plus nuancée. Mon objectif est, bien entendu, de parvenir à écrire ce texte. Pour citer une cliente qui rencontrait le même genre de blocage (concernant un autre sujet, mais les rouages sont bien les mêmes) : “Je vous assure que j’aimerais vraiment avancer sur ce projet ! Et je sais que vu de l’extérieur, on peut penser que je cherche à me saboter mais ce n’est pas le cas 😔 "    

Lorsque nous procrastinons, nous ne mettons pas nécessairement volontairement ni consciemment en place de stratégie qui auraient pour but de nous empêcher d’atteindre notre destination finale. Mais nous ne parvenons pas non plus à déployer ce qui nous aiderait à y arriver, et nous retrouvons alors coincé dans ce “sas” inconfortable.

Les causes possibles 

📊 Selon les recherches, et de manière assez prévisible, la nature de la tâche a un impact sur notre tendance à différer le moment de la commencer. En effet, si elle nous frustre, nous ennuie, si on ne lui trouve pas ou peu de sens, que peu d’autonomie nous est accordée dans sa réalisation, ou encore que le feedback s’y rapportant est insuffisant ou inexistant, il est probable que l’on repousse son exécution.

➡️ Dans le cas de la rédaction de cet article, les caractéristiques du travail à accomplir ne sont pas en cause : la création de cet article fait sens pour moi, je dispose d’une liberté suffisante dans son élaboration, et j’irai chercher des feedbacks en plus des éventuels commentaires qu’il pourrait susciter. Il faut donc poursuivre l’enquête.

🕵🏼 Pour comprendre les autres origines de la procrastination, il faut chercher du côté des traits de personnalité (tels que décrits par exemple par la théorie des Big Five¹ ). Les études indiquent en effet des corrélations significatives avec notre degré d’auto-discipline (contrôle de soi) et notre confiance dans notre capacité à réaliser ce qu’il y a à faire (efficacité personnelle)². Même s’il faut garder à l’esprit le fait que corrélation ≠ causalité, plus ces deux aspects sont marqués chez un individu, moins il aura tendance à procrastiner. 

➡️ Sans te faire de révélations trop personnelles cher lecteur : mon score ne se situe effectivement pas dans la fourchette haute lorsque l’on mesure ces 2 sous-facettes des traits de ma personnalité. Nous tenons donc un début d’explication.

Schématisation du Modèle Big Five

On ne naît pas procrastinateur mais…

Personne ne se lève le matin en déclarant : “J’ADORE procrastiner, c’est donc ce que je vais faire aujourd’hui !…ou peut-être demain…” . Il ne serait également pas juste de déclarer que cette tendance est innée chez certains et inexistante chez d'autres.         

Mais nous pouvons constater des liens entre certaines préférences naturelles de personnalité (comme celles décrites par le MBTI³ ) et les mécanismes qui vont aboutir à l’ajournement de la mise en production. En effet, certains individus ont tendance à apprécier de collecter des informations et laisser venir les idées aussi tard qu’il est raisonnable de le faire. Ils se sentent de surcroît stimulés par l’approche de la deadline et donnent généralement le meilleur d’eux-mêmes à ce moment-là .   

🔔 C'est le cas de la cliente évoquée en début d’article : elle a identifié une préférence spontanée pour cette façon de procéder. Dans ce cas, comment répondre à ce besoin de pression temporelle : 

  • en cas d’absence d’échéance ?
  • si la deadline a été décidée par la personne et la personne seule, et par conséquent peut être déplacée à l’envie ?

 

🎯 Ce qui l’a, entre autres, aidé : 

-Mieux comprendre son mode de fonctionnement naturel. Le fait même de découvrir et analyser les mécanismes qui s’enclenchent pour elle face à la planification d’une tâche lui a permis de faire le tri et de déculpabiliser face à certains de ses comportements.

-Annoncer les deadlines ou impliquer d'autres personnes afin de contrecarrer sa tendance a repousser les échéances.

Le modèle MBTI® @copyright The Myers-Briggs Company

🔎 Autres pistes 

Et si pour comprendre pourquoi nous avons tendance à reporter certaines actions plutôt que d’autres, nous écoutions notre procrastination comme on le fait par exemple avec les émotions ? Si nous la considérions comme porteuse d’un précieux message : que vient-elle éclairer, quel signal cherche-t-elle à nous envoyer ? 

🌊 Elle vient parfois pointer un "trop" : l’entreprise est trop grosse, trop ambitieuse au regard du stade où nous en sommes. 

✂️ Il peut alors être aidant de la découper en sous-tâches qui permettront d’avancer dans la direction recherchée. Il faut alors bien distinguer direction et résultat à atteindre : bien souvent, on se sent dépassé par l’ampleur d’un projet car on cherche à aller plus vite que la musique, sous-estimant l’efficacité des petits pas.

❌ Elle alerte parfois sur le fait que la façon de faire que nous envisageons de mettre en œuvre ne nous correspond pas. Quelque chose n’est pas au bon endroit.       

🧐 Dans ce cas, le moment est venu de s’interroger sur les raisons pour lesquelles nous avons inscrit cette activité sur notre to-do list et décidé d’utiliser tel style ou tels moyens : Est-ce parce que l’on pense devoir l’exécuter ou parce que l’on en ressent vraiment l’envie ? Est-ce par nécessité ? Est-ce un réel besoin ? Peut-on envisager d’autres manières d’atteindre le même objectif ?

 

Quelques leviers supplémentaires : 

⏭ Se projeter : “Imagine avoir terminé xxx, comment te sens-tu?  Que se passe-t-il pour toi ? “ La motivation peut alors naître de la recherche d’émotions agréables. La visualisation des conséquences futures positives aide également à mobiliser l’énergie nécessaire pour avancer et ne pas se détourner de l’objectif. 

💪🏼 Déconstruire la croyance qui consiste à penser que la motivation précède systématiquement l’action (complémentaire de l’astuce ci-dessus ou peut s’y substituer dans les contextes où elle ne fonctionnerait pas) : dans certaines situations, c’est bien le fait se lancer et de vivre l’expérience d’abord qui permettra de trouver la motivation nécessaire (“Finalement c’est vrai que maintenant que j’y suis, cette séance de sport me fait du bien !”). Dans d’autres cas, la motivation ne viendra peut-être pas…ou pas tout de suite…et il faudra alors l’accepter…et muscler son autodiscipline (une idée pour un prochain article 😏 ?)

Bonne nouvelle ? 

Les recherches montrent une corrélation négative entre âge et procrastination : plus on avance en âge, moins on procrastine. On peut donc se consoler : si comme moi vous continuez à procrastiner c’est probablement parce que vous êtes encore trop jeunes 👼🏻

¹ Goldberg, L. R., An alternative “description of personality”: The big-five factor structure. Journal of Personality and Social Psychology, 1990

² Steel Piers, The nature of procrastination: a meta-analytic and theoretical review of quintessential self-regulatory failure, 2007               ³ Qu’est-ce que le MBTI ? :